Les États généraux de la parole : un lancement réussi
Françoise Nyssen à l'ouverture des États généraux de la parole.
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Le 17 octobre 2024, à la Gaîté Lyrique, le CAP – Centre des Arts de la Parole a lancé la première édition des États généraux de la parole.
900 participants, 90 intervenants, 35 sessions, 40 heures d’échanges. Cet événement d’envergure a permis de rassembler de nombreux acteurs qui œuvrent à la réparation de la parole en vue d’agir ensemble.
« Comment réparer la parole aujourd’hui ?
Nous vivons dans un monde où on parle de plus en plus et on se parle de moins en moins. Où la parole va mal. La parole est mise à mal. La parole fait mal. Comment arriver à proposer une parole réparée ? Qui elle-même répare ? Qui soit non pas arme de destruction massive mais art de construction collective ? C’est tout l’enjeu de cette première édition des États généraux de la parole. Comment réparer la parole dans un monde atomisé ? »
Gérald Garutti, fondateur et directeur du CAP – Centre des Arts de la Parole, lors de l’ouverture des États généraux de la parole.
Gérald Garutti inaugure les États généraux de la parole.
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Expertises et regards croisés
Emmanuelle Devos et Clément Merville débattent de la question "la présence est-elle une condition de la parole ?". Un échange modéré par Alexandre Lacroix.
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Quatre-vingt-dix personnalités sont venues partager leur expertise pour poser un diagnostic sur l’état de la parole aujourd’hui, parmi lesquels des anciennes ministres telles Cécile Duflot, Aurélie Filippetti et Françoise Nyssen.
Aurélie Filippetti met en question l’état de la parole aujourd’hui dans la sphère publique.
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Des metteurs en scène, conteurs, acteurs, directeurs de structures artistiques et culturelles tels Hassane Kouyaté, Wajdi Mouawad et Paul Rondin.
Hassane Kouyaté échange avec le public à la suite de son intervention.
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Des philosophes comme Delphine Horvilleur et Gérard Rabinovitch.
Delphine Horvilleur et Wajdi Mouawad dialoguent autour de la question "comment imaginer et produire des récits communs ?".
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Des artistes, Tania de Montaigne, Denis Lavant et Eva Galmel.
Pour L’Abécédaire de la parole, Tania de Montaigne interprète le texte "S comme Sacrer" d'Annick Lefebvre.
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Des universitaires dont Marielle Macé. Des avocats tels Negar Haeri et Basile Ader.
Negar Haeri et Basile Ader partagent leurs perspectives d’experts autour de la notion de parole autorisée et de parole censurée.
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Des comédiennes et comédiens tels Mathieu Kassovitz et Emmanuelle Devos.
Mathieu Kassovitz répond à la question de Gérald Garutti, "pourquoi La Haine ?"
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Des journalistes, tels Yaël Hirsch, Christophe Barbier, Sonia Devillers et Laura Dumez.
Cécile Duflot, Yascha Mounk et Emmanuelle Piet se demandent si l’engagement exige une parole responsable, un débat modéré par Sonia Devillers.
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Des philosophes, écrivains et spécialistes de la langue, tels Yascha Mounk, Frédéric Gros, Rachel Khan et Xavier North.
Frédéric Gros, Rachel Khan et Xavier North explorent un des 3 mondes, la sphère publique, où se croisent médias, élus et collectivités.
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Les arts de la parole pour une portée universelle
« Ces arts qui, depuis l’enfance du monde, forment le cœur de l’humanité. Qui, au fil des âges, ont œuvré à la déployer. Qui, aujourd’hui encore, nous donnent à toutes et à tous l’opportunité de nous transcender. Nous fondons notre travail, notre action, notre raison d’être, notre existence même sur la parole. » Jacques Martial lit Il faut voir comment on se parle. Manifeste pour les arts de la parole (Actes Sud, 2023).
Jacques Martial lit le Manifeste pour les arts de la parole de Gérald Garutti.
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L’enjeu de l’événement est donné !
De 9h à minuit, en une floraison, trente-cinq sessions se sont succédées : tables rondes, conférences, sessions Podcast, débats, ateliers, discussions, lectures théâtrales, écoute publique de créations sonores, projection cinématographique et concert. Pour redonner à la parole sa juste place dans la société.
Un concert de Faux Amis, Noé Boon.
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Des thématiques croisées pour ouvrir une constellation d’enjeux
« La manière de concevoir cette journée a été de déployer une arborescence de questions, une forme de constellation qui va ouvrir ensuite sur d’autres travaux. Nous avons ainsi posé des jalons, en montrant comment la parole pouvait être malmenée, mais aussi comment elle portait en elle des graines d’espoir et de possibilités, dans différents types d’espaces, publics comme privés », explique Gérald Garutti.
Cécile Duflot, Yascha Mounk et Emmanuelle Piet discutent de l’engagement dans une parole responsable, un débat modéré par Sonia Devillers.
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Comment (re)fonder un espace commun ? Quelles sont les voies de la parole ? Qu’est-ce que “bien parler” ? L’engagement exige-t-il une parole responsable ? De quel temps la parole a-t-elle besoin ? Comment imaginer et produire des récits communs ?
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Retrouvez les questions abordées pendant cette journée dans le programme en ligne.
Afin de traiter ces questions dans toute leur dimension, les États généraux de la parole ont réuni les trois mondes qui composent notre société : la jeunesse et l’éducation, la sphère publique (médias, élus et collectivités), le monde du travail et de l’entreprise.
Ces temps communs ont permis d’ouvrir des pistes de réflexion et d’action pour redonner à la parole sa puissance de sens et son pouvoir de cohésion.
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Une assemblée citoyenne pour mobiliser, une biennale pour fédérer
« Nous n’avons pas pensé ces États généraux comme un colloque de spécialistes, mais comme une sorte d’assemblée de dimension citoyenne », indique Gérald Garutti.
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Un événement qui a su réunir des citoyennes et citoyens de tout bord. Neuf cents professionnels, artistes, salariés, élus, étudiants, journalistes, chercheurs, poètes, enseignants, journalistes, représentants de collectivités, chefs d’entreprises, auteurs, philosophes, se sont ainsi retrouvés à la Gaîté Lyrique le 17 octobre dernier.
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Les thématiques abordées sont vastes et transversales, et couvrent un champ qui embrasse de très nombreux enjeux humains et citoyens fondés sur la parole, de l’humour au harcèlement, de la vulnérabilité à la création de récits communs, de la violence à la responsabilité.
Haroun interroge la parole décalée et le pas de côté de l’humour, pour exprimer ce qui échappe parfois aux mots.
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L’objectif est de mobiliser le maximum de personnes et d’instances autour d’un enjeu commun : réparer la parole individuelle et collective.
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Cette biennale devient alors un laboratoire de rencontres et d’innovations. Où chacune et chacun est invité à partager sa vision, son expérience, sa voix et ses savoir-faire.
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Et où les dialogues tissent des liens durables, et portent la promesse d’un avenir dont les fondement naissent d’une dynamique collective, en répondant aux défis contemporains de manière essentielle, humaniste, inclusive et créative.
Suite à la projection de "Moi Aussi" de Judith Godrèche, un bord-plateau, modéré par Laura Dumez, pour des échanges privilégiés avec celles et ceux qui font vibrer la parole libératrice : Arthur Dezanneau, Eva Galmel, Christine Satin.
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Quelques commentaires reçus à l’issue des États généraux de la parole :
« Une journée incroyablement riche et dense, pleine de promesses et d’espoirs, merci pour cette lumière. »
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« Un shoot de sensibilité et de nuance qui fait du bien particulièrement en ce moment, où la parole est bien abîmée. »
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« Même si je n’y étais pas, je me réjouis qu’un événement de cette qualité puisse exister… dans une époque où la violence politique semble de plus en plus contagieuse. »
Christophe Barbier et Sylvain Bourmeau échangent sur comment réinventer la parole dans notre société afin qu’elle reflète davantage la diversité des voix et des points de vue.
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Dans un contexte où la parole doit être réinvestie de sens et de dignité, de responsabilité et d’humanité, de valeur, ces retours enthousiastes nourrissent le désir de poursuivre la mission avec encore plus de ferveur et de passion.
Pléiades résume la matinée des États généraux de la parole avec une illustration.
Réalisée par Véronique Olivier-Martin.
Une première à plus d’un titre
Cette première édition des États généraux de la parole a marqué le lancement des travaux sur l’évaluation, l’analyse et l’élaboration de recommandations pour réparer la parole.
Plus qu’une journée, les États généraux de la parole concrétisent un mouvement d’expérimentations, de réflexions et de partage entre les différents mondes, sur une période de deux ans, en associant les différents acteurs mobilisés. Des groupes de travail, des dynamiques, des actions, et également des objectifs et des indicateurs.
Et la suite…
Benjamin Le Gren est interrogé par Emmanuelle Jehanno sur la médiation de la parole aujourd’hui.
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Le CAP entame deux années de travaux pour analyser, évaluer, proposer et formuler des recommandations afin de réparer collectivement la parole. Chacun porte sa propre voix. Chacun est donc partie prenante d’une mission collective : réparer la parole.
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